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Prix Alphonse de Neuville et Sanford Saltus
de l'Académie des Beaux Arts de l'Institut de France

En 2003, TOFFART, alors jeune peintre signant encore ses œuvres de son patronyme, a fait l'objet d'une première consécration professionnelle. Il s'est vu attribuer le prix Alphonse de Neuville et Sanford Saltus au terme de la 340ème édition du Salon des artistes Français qui s'est déroulée du 31 octobre au 9 novembre à l'Espace Auteuil dans le 16ème arrondissement de Paris.
Ce prix, doté d'une gratification de 1500 Euros, lui a été décerné par l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France. L'œuvre de l'artiste à l'origine de ce prix est le portrait de Miss Peggie DIGGINS (ci-contre).
Au cours de sa carrière, tout plasticien professionnel peut être l'heureux lauréat d'un nombre de prix plus ou moins important, au terme d'expositions locales, nationales ou internationales; prix qui, sous forme de médailles, de statuettes ou de coupes, finissent par encombrer étagères et greniers, à l'instar des sportifs de haut niveau ou des comices agricoles. L'importance qui leur est donnée suscite d'ailleurs un débat controversé au sein du milieu artistique, surtout parmi les amateurs qui en contestent évidemment la valeur...
Cependant, rares sont les plasticiens dont le talent a été officiellement honoré par une prestigieuse institution nationale. TOFFART fait partie de ceux là! Afin de marquer le caractère exceptionnel de l'événement, il apparaît nécessaire de décrire en détail les éléments constitutifs du prix Alphonse de Neuville et Sanford Saltus.
Qu'est-ce l'Académie des Beaux-Arts?
L'Académie des Beaux-Arts fait partie de l'Institut de France. Elle côtoie quatre autres académies : l'Académie des Sciences, l'Académie des Inscriptions et des Belles Lettres, l'Académie des Sciences Morales et Politiques et, la plus connue, l'Académie Française. Cette dernière est la plus emblématique, au point que, lorsque l'on parle "d'académie", on pense automatiquement à l'Académie Française. Cependant, les cinq académies sont toutes établies au Palais des Quatre Nations, quai Conti à Paris. Elles sont toutes composées d'académiciens en habit vert siégeant sous la Coupole. L'Académie des Beaux-Arts est la réunion de l'Académie Royale de Peinture, de l'Académie Royale de Sculpture et de l'Académie Royale d'Architecture, toutes créées en 1648 par le peintre du Roi, Charles le Brun, à l'initiative de Louis XIV... Actuellement, son Président est Monsieur TAILIBERT, son Vice-Président est Monsieur Laurent PETITGIRARD, Monsieur Arnaud d'HAUTERIVES en est le Secrétaire Perpétuel. Parmi ses illustres membres, on peut citer Pierre CARDIN, Gérard LANVIN, Roman POLANSKI, Jeanne MOREAU, Jean-Jacques ANNAUD, Woddy ALLEN, Yann ARTHUS-BERTRAND... Les Académiciens se répartissent en plusieurs sections :peinture, sculpture, architecture, composition musicale, gravure, photographie et créations artistiques. dans le cinéma et l'audiovisuel, plus une section libre et une sections des membres étrangers. En tout, ce sont 64 Académiciens qui président à la destinée de l'Académie des Beaux-Arts.


Portait de Charles LE BRUN
Palais des Quatre Nations vu depuis le pont Des Arts, Paris.
A quoi correspond le prix Alphonse DE NEUVILLE et SANFORD-SALTUS?
Le prix décerné à TOFFART fait partie des quelques 28 prix attribués par la section peinture de l'Académie des Beaux-Arts. Contrairement à d'autres, il a un caractère aléatoire, c'est-à-dire qu'il n'est pas systématiquement décerné chaque année. De telle sorte qu'il ne figure jamais au palmarès des prix du Salon des Artistes Français. A l'origine, il récompense la plus belle œuvre peinte du Salon. Il est attribué à un jeune artiste.
Pourquoi ce prix est-il décerné au Salon des Artistes Français ?
Le Salon des Artistes Français est l'héritier direct du Salon de l'Académie Royale fondé en 1673 pour être la vitrine officielle des artistes agréés par la Couronne auprès du grand public. Malgré leur séparation voulue par les pouvoirs publics au cours du 19ème siècle, il existe toujours un lien historique qui associe l'Académie des Beaux-Arts à son ancien salon où se mêlent des talents reconnus à de jeunes artistes sélectionnés en quête de reconnaissance professionnelle. De ce fait, l'Académie des Beaux-Arts y perpétue la tradition d'y distribuer ses prix, indépendamment de ceux propres au Salon.
Pourquoi ce prix s'appelle-t-il Alphonse DE NEUVILLE et SANFORD-SALTUS?
Tous les prix décernés par l'Académie des Beaux-Arts émanent de fondations créées pour honorer la mémoire d'un illustre peintre , d'un mécène ou d'un riche donateur. L'antériorité de certains d'entre eux est telle que l'Académie des Beaux-Arts en ignore aujourd'hui l'origine exacte. Tel est le constat fait par TOFFART lorsqu'il questionna le secrétariat de l'Institut au sujet du prix qu'il venait de se voir attribuer. C'est de cette surprenante ignorance que vient l'initiative de rédiger cet article.
A titre d'exemples, on peut citer pêle-mêle le prix Liliane BETTENCOURT, le prix Paul CHABAS, le prix Henri LEHMANN, le prix HAUMONT, le prix Eugène PIOT, le prix COLMONT, le prix Veuve BUCHERE, le prix RULHMANN, le prix de la fondation du Docteur CARRIERE ou le prix de la fondation DE ROTHSCHILD... En tout, l'Académie des Beaux-Arts préside à la distribution de 150 prix répartis dans les différentes sections. Pour revenir au prix obtenu par TOFFART, il faut préciser qu'Alphonse DE NEUVILLE est un célèbre peintre français et John SANFORD-SALTUS un éminent mécène américain. A l'origine, il s'agissait de deux prix distincts qui ont été associés à une époque indéterminée et pour un motif inconnu. En effet, bien qu'ils furent contemporains, rien n'indique dans leurs biographies respectives qu'Alphonse DE NEUVILLE et John SANFORD-SALTUS se rencontrèrent, encore moins qu'ils aient un quelconque point commun. Toujours est-il que l'association de leurs donateurs fait de ce prix de l'Académie des Beaux Arts le seul à avoir une double paternité et le seul à être franco-américain. Bienheureuse association qui réjouit l'artiste américanophile qu'est TOFFART.

Qui sont les deux personnalités à l'origine de ce prix ?
La première est une figure emblématique de la peinture française de la fin du 19ème siècle. La force de ses œuvres fait de lui une référence incontournable pour TOFFART, lui-même peintre de sujets militaires.
Alphonse DE NEUVILLE est né à Saint-Omer en 1835 et est mort à Paris en 1885. Après une année d'études à Lorient, il prépare l'Ecole Navale, puis des études de droit qui l'amènent à Paris. DE NEUVILLE décide finalement de se consacrer à l'art. Ses débuts sont modestes : il participe à la renaissance de la gravure sur bois en collaborant aux illustrations des principaux journaux de l'époque. Cette carrière s'est prolongée très tard, comme en témoigne l'illustration qu'il réalise pour l'Histoire de France racontée à mes petits enfants de GUIZOT publiée en 1872. DE NEUVILLE souhaite faire une carrière de peintre d'histoire et entre dans l'atelier de PICOT, tout en recevant les conseils de DELACROIX dont il aimait la formule : "Rappelez-vous que le dessin du mouvement l'emporte de beaucoup sur le dessin de la forme". Sa première toile, le 5ème bataillon de Chasseurs à la batterie Gervais, lui vaut une 3ème médaille au Salon de 1859. Deux ans plus tard, il remporte une 2ème médaille avec une autre scène de la guerre de Crimée. Mais il n'a pas suivi les campagnes du second empire et son Episode de la bataille de Magenta '1864) s'en ressent. Le mouvement n'a pas l'accent de vérité d'une scène vécue. La guerre de 1870 va bouleverser sa peinture. présent au siège de Paris, il participe au combat dans le secteur de Belleville. Le premier tableau qu'il expose après la guerre, Bivouac devant le Bourget, au Salon de 1872, est un souvenir personnel. l'année suivante, il expose Les dernières cartouches qui lui apportent la célébrité. Il a profondément bouleversé le genre militaire en recherchant avant tout l'émotion, sans négliger l'exactitude historique. Souvent présenté comme le chef de file d'une nouvelle école, DE NEUVILLE multiplie les succès : Combat sur une voie ferrée '1874), Attaque par le feu d'une maison à Villersexel (1875), La passerelle de la gare de Styring (1877), Le Bourget (1878), Défense de la porte de Longboyau (1879), Un porteur de dépêche et Le cimetière de Saint-Privat (1881).
Tous ces tableaux, largement diffusés par la gravure, ont bouleversé le public. De 1881 à 1883, DE NEUVILLE exécute avec Edouard DETAILLE les panoramas de la bataille de Champigny et de Rezonville qui seront exposés à Paris et à Vienne avec succès. Bien qu'il ait consacré l'essentiel de son œuvre à la Guerre de 1870, DE NEUVILLE a représenté, dans les années 1880, quelques pages de l'histoire militaire britannique, notamment la guerre contre les Zoulous. Il a également exposé des scènes inspirées de son séjour à Yport de 1872 à 1874. Lors de ses funérailles, des députations de toutes les armes marchaient derrière son cercueil et l'un des cordons était tenu par le Commandant LAMBERT, l'officier des Dernières Cartouches. Un comité, présidé par Edouard DETAILLE finança, par souscription publique, l'érection d'une statue située à Paris, place Wagram.

Les Dernières Cartouches
Salon de 1873
(Maison de la Dernière Cartouche, Bazeilles)
Inspiré d'un épisode de la bataille de Sedan (1er septembre 1873), ce tableau devint l'icône de toute une génération. Ce sera l'un des plus reproduit jusqu'en 1914. L'épisode résume la résistance de l'armée de l'Est avant le grand désastre de Sedan. L'effet dramatique est accentué par le moment (la dernière cartouche) et par l'absence visuelle de l'ennemi que l'on devine.
Le Cimetière de Saint-Privat
Salon de 1881
(Musée d'Orsay, Paris)
Plus difficile a été de trouver quelques informations sur ce personnage peu connu en France. TOFFART, en bon historien de formation, s'est mis en quête de répondre à cette énigme.
John SANFORD-SALTUS était un riche mécène américain né le 9 mars 1853 à New-Haven dans l'Etat du Connecticut. Il fit le constat que les Etats-Unis ne disposait d'aucun artisan médaillier, ni d'aucun cabinet des médailles, contrairement aux pays européens. De ce fait, il encouragea l'art de la gravure et la production de médailles sur le sol américain. Il créa l'American Medals Society. Aujourd'hui, cette association professionnelle récompense chaque année le meilleur graveur américain au terme d'un prestigieux concours.
Amateur d'art et francophile, il se passionna... pour Jeanne d'Arc! De ce singulier engouement, on lui doit l'érection de statues représentant la Pucelle de Blois à Nice, Orléans, Rouen et Domrémy, mais aussi à New-York et à la Nouvelle-Orléans, ainsi qu'à la cathédrale de Winschester en Angleterre! Il se passionna également pour le tragique destin du Dauphin Louis XVII sur lequel il amassa une importante documentation qu'il légua au Salmagubdi Club. Surtout, il consacra son immense fortune à encourager les arts. A ce titre, il fut nommé correspondant de l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France. Comme bon nombre de mécènes, il créa en 1919 un prix à son nom destiné à récompenser "le meilleur travail de peinture ou de sculpture du Salon". Il se suicida par empoisonnement à Londres, le 22 juin 1922, peu avant l'ouverture de l'exposition de la British Numismatic Society, vraisemblablement à la suite d'une dette d'honneur.
Quel est le palmarès de ce prix ?
L'Académie des Beaux-Arts n'a apparemment pas vocation à tenir une liste de tous les artistes primés pour chacune des récompenses qu'elle attribue. De plus, le prix Alphonse DE NEUVILLE et SANFORD-SALTUS ayant une attribution aléatoire, ses lauréats sont rares depuis l'après-guerre. C'est ainsi qu'à partir de recherches effectuées par TOFFART, on ne dénombre officiellement que 7 plasticiens ayant reçu ce double prix, ce qui est révélateur de l'exigence des académiciens qui repartent souvent bredouille du Salon. De ce fait, ses récipiendaires se voit attribuer une réelle caution de talent dans leur thématique picturale. Ce sont tous des peintres, dont certains sont devenus des personnalités de premier plan :



En 1970 : Paul AMBILLE (1930 - 2010), Grand Prix de Rome en 1955. Membre de l'Institut. Peintre officiel de la Marine. Président d'honneur de la fondation Taylor. Président d'Honneur du Salon des Artistes Français.
En 1991 : Arlette LE MORE, (1930 - 2015), vice-Présidente de la Fondation Taylor.
Monique JOURNOD, (1935 - 2024) Second Prix de Rome en 1962. Médaille d'Or du Salon des Artistes Français. Primée par la fondation Taylor.


En 2003, TOFFART, né en 1963. Diplômé de l'Ecole Boulle.
En 2013, Carine HAYOT, peintre née en 1961. Primée par la fondation Taylor.
Et aussi :
- Georges ROUXEL (1931-2004), peintre.
- En 2010, Futaï HAGANA, peintre japonais.
TOFFART est l'auteur de cette synthèse inédite. Sa version originale a été élaborée le 23 septembre 2010 . Elle résulte d'une interrogation restée sans réponse en 2003 auprès du secrétariat de L'Institut de France. Cette page de son site est dédiée à tous les futurs lauréats du prix Alphonse DE NEUVILLE et ANFORD-SALTUS qui se poseront la même question.
Ce prix a été décerné lors de la séance solennelle publique du mercredi 19 novembre 2003 qui s'est déroulée sous la coupole de l'Institut, en présence des Académiciens, des représentants du corps diplomatique et du monde de la presse et des médias et... de la Garde Républicaine!



